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L’anxiété : apport de l’hypnose

Dans le cadre de mon activité d’hypnose d'accompagnement, des personnes viennent en séance avec l’objectif de mieux gérer leur anxiété.

C’est une demande récurrente qui me pousse à écrire cet article pour éclairer sur les apports de l'hypnose et mon approche qui sera spécifique et adaptée à chacun(e). Rappelons que l'orientation de développement personnel proposée ci-dessous ne se substitue pas à un suivi médical.

Premièrement, ce vaste mot qu’est l’anxiété recèle des expériences et des ressentis très variés d’une personne à l’autre :

Un sentiment de nervosité, d’inquiétude ou de peur,

Des pensées négatives ou irrationnelles, des ruminations,

Des symptômes physiques comme des palpitations, des sueurs, des tremblements, ou une respiration accélérée.

Quelque soit sa manifestation, l’anxiété, comme toute émotion, est porteuse d’un message. L’anxiété a même une fonction protectrice : elle peut nous motiver à nous préparer pour une situation difficile ou à éviter des dangers réels. C’est donc là sa part utile.

L’anxiété devient problématique lorsqu’elle colonise le quotidien du sujet, que des dangers sont perçus fréquemment dans la journée sur des anticipations du futur ou des regrets du passé. Ce sont généralement des projections et donc rarement des vrais dangers issus du présent.

Cette anxiété peut alors contaminer émotionnellement le vécu de chacun et se mettre au premier plan de sa vision du monde, telle un filtre chromatique qui viendrait donner une teinte plutôt sombre à notre expérience de vie. Cette émotion est ici chez elle, elle s’étale et colonise le milieu, telle une plante invasive. Où trouve t-elle sa nourriture ? Comment peut-elle être si vigoureuse pour étouffer la palette des autres émotions ne laissant plus de place aux nuances ni à la légèreté ? Les pensées…l’émotion est toujours précédée d’une ou des pensée(s) bien particulières…Précisons bien que le problème ne vient pas de penser. Le problème réside dans le fait de trop penser et de croire aveuglément à celles-ci. Certaines pensées redondantes nous aliènent et peuvent enclencher en nous un cercle vicieux d'émotions qui elles mêmes engageront un comportement de sécurité souvent excessif et inapproprié (face à un danger et une pensée chimériques). 

Ce premier partage fait souvent l’objet d’un recadrage important pour le sujet souvent complètement dépassé par cette émotion qu'est l'anxiété. S'il parvient à détecter et apprivoiser certaines pensées toxiques, le sujet sera dessaisi de l’emprise de son anxiété. 

Deuxième recadrage… « toute peur toute anxiété vient d’un esprit non dompté » (sagesse bouddhiste).

Je vois déjà poindre la question : comment apprivoiser son mental et son cortège de pensées ? Comment se dissocier de ses pensées ? L’idée n’est pas de vaincre nos pensées (notre mental) mais plutôt de mieux vivre avec, de mieux cohabiter, de faire le tri. Mieux qu’une lutte, c’est de la diplomatie avec soi, pour aller vers une meilleure entente intérieure.

Troisième recadrage…devenir son meilleur observateur ! Comment ? En travaillant la vigilance intérieure pour être en capacité de détecter les pensées inutiles souvent empêtrées dans la peur du futur ou la rumination du passé. Ces projections coupées du présent sont souvent illusoires mais quelque chose nous pousse à y croire, comme hypnotisé. La bonne nouvelle : notre cerveau a certes des biais mais a aussi la formidable capacité de pouvoir créer des connexions nouvelles et donc des apprentissages jusqu’à la fin de ses jours. Seul l'entrainement au quotidien permettra de muscler le cerveau pour l'aider à percevoir la réalité telle qu'elle est et non pas au travers de seules pensées de peurs, de risques, de dangers. Notre mental peut donc nous tromper en créant de multiples projections. Pour preuve, si l'on regarde dans la passé révolu et que l'on se remémore le cortège de peurs et d'anxiété qui nous habitaient, quelles proportions d'entre elles se sont effectivement réalisées ? L'idée est donc d'apprendre à vivre le plus objectivement possible avec ces différents types de pensées et d'être le mieux connecté avec le monde tel qu'il est, sans filtres et sans être emporté par ces pensées.

Comme pour la musculation, personne ne fera le travail à la place du sujet. En séance d’hypnose, l’idée est de l'accompagner, de lui faire intégrer profondément qu’il n’y a pas une réalité mais des réalités selon la typologie des pensées auxquelles il croit dur comme fer. Par contre, bien qu’il y ait des réalités différentes, il y a un seul réel : le présent. La vigilance a ce bénéfice de revenir au présent et plus encore de mieux s’observer en train de penser ce qui crée une prise de conscience au sein même de l'inconscient : le grand patron. Dans ce moment d'emballement des pensées, l'inconscient sera d'une grande aide car il permettra d'intégrer de nouveaux comportements intérieurs :

-vigilance (détection de l'emballement du mental),

-un espace se crée avec un choix : suivre la pensée (saisie=souffrance) ? ou la laisser filer (détachement) en l'identifiant pour ce qu'elle est : juste une pensée ? "je suis bien plus que cette pensée", "quelle énergie ai-je déjà perdu avec cette pensée ?" "quel niveau d'exagération cette pensée détient-elle ?"...

-retour au corps (respiration, rythme cardiaque...). Le mental déteste l'ennui. Donnons-lui un nouveau boulot : se concentrer exclusivement sur le corps (=ancre le présent),

-observation du ralentissement du phénomène d'emballement (perceptible dans le corps),

-retour à une activité normale.

Quatrième recadrage : est ce que le sujet pense (et c’est bien naturel) ou est pensé (par ces pensées) ? aie ! ça fait mal à la tête ! c’est normal, la musculation démarre !

En hypnose d’accompagnement, la stratégie pourra être d'expérimenter en transe hypnotique les bénéfices et les inconvénients que peut avoir le sujet à rester fusionné/associé à ses pensées. Par ailleurs, il fera l’expérience de ce que permet l’intégration d’un nouveau comportement dissocié/dé-fusionné de ses pensées. Il vivra l’expérience en profondeur durant la séance se voyant agir avec cette nouvelle ressource et ses bénéfices associés. Il se familiarisera. Séduit par cette nouvelle version de lui-même, le sujet choisira de s'y associer si l'attirance est supérieure aux résistances profondes. Dans ce dernier cas, il pourra s'agir de travailler plus encore sur la résistance au changement fréquente si les vieux fonctionnements sont durablement installés. 

Entre les séances, le sujet vivra sa propre expérience avec ses nouvelles ressources. Il répètera, s'exposera au réel et renforcera son nouveau comportement. Il sera surpris des changements induits tant sur la sphère personnelle que sur la sphère interpersonnelle. Cette musculation répétée inlassablement avec audace au quotidien associé à un suivi régulier en séances, permettront au sujet un nouveau rapport à son monde intérieur et donc au monde extérieur. Des exercices quotidien d'auto-hypnose définis en séance permettront d'ancrer plus encore le changement pour s'entraîner encore et encore...

Si vous êtes résolument engagé vers l’envie d’évoluer dans la réduction de l'emprise de cette émotion d'anxiété ou autre, je vous accueille avec plaisir pour déployer cette approche amplifiée par l’hypnose d'accompagnement.

Laurent SIMON